/// Erik ... à suivre ... \\\

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20/10/2006 Diagonale des Fous vue par mon frère

Que faisiez vous le vendredi 20 octobre à 1h du matin ???
 
Les uns dormaient, certains étaient au départ comme spectateur ou comme serre-files, les autres étaient plus sagement devant leur écran d'ordinateur ou prêts à pianoter sur leur clavier de téléphone portable… moi, j'étais à 1h du matin en tee-shirt et en short à Cap Méchant (Ile de la Réunion) accompagné de 2400 raideurs plus ou moins affûtés sous une très légère bruine !
5, 4, 3, 2, 1, c'est parti pour la 14ème édition de la diagonale des fous, 2ème participation pour ma part. Certains d'entre vous ont suivi mon évolution, mes coups de barre, mes transitions « éclairs » aux postes de ravitaillement… et m'ont même encourager tout du long. Ca fait un bien immense de recevoir un sms à 1h ou 2h du matin quand on est en plein cœur de Mafate ou un coup de fil vers 14h quand on monte depuis déjà 2h le Taïbit et qu'il reste encore une heure de marches à gravir pour atteindre le sommet et plonger dans le cirque sauvage de Mafate.
Merci à zot tout !
Point stratégiques pour les intéressés :
L'année dernière, je fais 79ème et cette année dans Mafate je flirte avec la soixante dixième et quatre-vingtième place. Pas en grande forme mais suffisamment pour poursuivre l'aventure à allure pépère, je rallie Aurère (108km en 81ème position avec une groupe de 5/6 fous vers 22h). Nous décollons plus où moins ensemble pour une descente nocturne et rocailleuse vers Deux Bras. Certains de mes coachs de métropole et de la Réunion me proposent d'arriver avec le petit groupe à Deux Bras et de faire la « transition repos » ensemble pour attaquer ensemble la montée mortelle de Dos d'Ane et limiter les dégâts jusqu'à l'arrivée.
Je choisi une autre option (plus risquée semble-t-il mais qui peut rapporter plus…). Je fais alors la toute première partie de la descente d'Aurère avec le petit groupe et finalement décide d'attaquer. Je leur prends un puis 2 puis trois virages. Je fais fumer le galets. Mes jambes et mon entre-cuisses me demandent pardon mais je file dans la nuit bondissant de roches en cailloux, doublant au passage 4 à 5 concurrents. Deux Bras est à vue et les lueurs des mes anciens partenaires de ravitaillement sont encore à mi-pente. Peut-être 5 à 10 minutes d'avance. Il faut en profiter, je sais qu'ils sont plus costauds que moi en côte. Je me fais pointer à Deux Bras fais le plein d'eau, double une bonne dizaine de concurrent en train de se faire masser, de se reposer, de se ravitailler, avale 2 bouchées de rougail saucisse et zouuu, je replonge dans l'obscurité vers la montée infernale de Dos d'Ane. Je sais que ça va être difficile mais il faut se lancer. Je lutte tant bien que mal, me fait reprendre par 4 concurrents mais parvient à Dos d'Ane mi titubant après 2h30 de lutte. Il ne faut pas lâcher. Encore une montée d'une heure et demi et c'est de la « descente » jusqu'à l'arrivée. 2h du matin, j'enchaîne après 10 min de repos. Débute alors un véritable calvaire. C'est la fatigue qui me gagne totalement. Je suis là haut la pluie tombe, il fait toujours nuit, le vent est fort, il fait froid, les yeux me piquent et se ferment de fatigue… c'est dure. Une dizaine de concurrent me double alors que moi,  j'avance péniblement. J'essaie de mettre un pied devant l'autre mais c'est dure. Je m'endors en marchant au point d'en tomber, tête dans l'herbe. Sursaut d'orgeuil, coup de téléphone, je me relève, c'est dure et le kiosque d'Affouche ne se montre pas. Ca monte, ça descend… des marches encore des marches. De la boue, ça glisse.... J'intercepte au passage des renseignements auprès des fous qui me doublent pour demander la distance jusqu'au kiosque. 2km, 1km…Y'en a marre … puis enfin : un bruit. Des voies dans la nuit. J'y suis. Je connais bien le parcours après. Même si je souffre je sais que c'est roulant et que mes adversaires ne me doubleront plus autant qu'ils viennent de le faire. Je décide de me dormir 10 min chrono pour ne pas prendre plus de risques jusqu'à l'arrivée. Dringggg ! Réveil en sursaut, je bois mon 40ème (60ème peut-être) verre de coca et repars en même temps que 4-5 fous. Hélas pour eux, les douleurs de mes jambes, de mes pieds et de mon entre-jambes me font toujours douloureusement souffrir mais ma tête connaît ces 13 derniers kms. Le jours se lève, je dépose le petit groupe et « courant » d'une foulée certainement pas très académique, je grignote, 1 puis 2 puis 3 places… L'arrivée approche, je double à nouveau, ça fait du bien.
En bas, tout en bas, au bout de 143 kms de course-marche, 8712m de dénivelé, l'arrivée est là au bout du stade de la Redoute… Ouf !
La suite vous la connaissez : 59ème en 30h20'20".
Bilan physique : des yeux explosés par la fatigues, très légers échauffements au niveau du dos à cause du frottement du sac, de la glaise sur les main et sous les ongles, un entre-jambes à vif, en sang, un haut de mollet/ genou droit strapé mais atomisé à cause de fibres probablement déchirées, sept ongles de doigts de pied pulvérisés et une ampoule de 6x4 cm au pied droit.
Sinon, tout va bien ! Un grand soulagement de conclure cette épreuve en pensant à certains fous encore au début de Mafate en train de lutter à leur tour.
 
 
Encore merci à tous pour votre soutien. Je vous assure que c'est un véritable réconfort et appui qui n'ai pas négligeable.
Merci et à vous de jouer pour la 15ème édition de LA DIAGONALE DES FOUS !


27/10/2006
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