/// Erik ... à suivre ... \\\

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Ironman de Francfort vu par mon père...

Le défi était trop tentant !

A force d'être imprégné de l'ambiance et des récits Iron aussi bien en famille (fiston 6 fois finisher) qu'au club (15 membres du Triath Club de Royan qui collectionnent les Iron comme on enfile des perles), intégrer la tribu des « Ironmen Finishers » devenait chaque jour de plus en plus obsédant…

Décision prise ! Inscrit par Erik dès juillet 2006, histoire de refaire près de 365 fois la course dans ma tête…

 

Le bon choix :

Trouver un vélo ! Lequel ? : Le « Bertin » rouge qu'on m'avait offert d'occase en 92 (triple plateau et 6 pignons) sur lequel je me sens pas trop mal mais avec des gaines de frein à l'ancienne qui obligent à enfiler les avant bras pour se poser sur le guidon tri et des manettes de vitesse sur le tube oblique qu'on ne voit plus que dans les rétrospectives sur l'histoire de Tour.

L'ancien Sunn jaune d'Erik qu'on a toujours pas réussi à liquider même en le bradant (7 pignons mais dérailleur 9 vitesses,  potence beaucoup trop longue et selle incompatible avec mon séant pourtant endurci).

Conseillé par Gérard, mon voisin ancien pistard, je délaisse la pièce de collection (on risque de me refuser l'entrée au parc à cause des gaines has been qui pourraient être considérées dangereuses) et j'opte pour le Sunn plus moderne et léger. On me prête une roue arrière Mavic Hélium 8 vitesses et une potence plus courte. J'emprunte au Bertin sa selle tout confort.

 A J-15 je change la patte du dérailleur avant qui vient de céder et à J-8 je referme la chaîne qui vient de s'ouvrir  pile-poil en face de chez mon garagiste auto (surpuissance ?). Je lui offre aussi les chambres plus légères de mon Bertin et en prime ses pneus usagés et donc plus légers.

Pour marquer de ma griffe cette bête de course je l'équipe d'une boîte de surimi (16cm x 11cm x 6cm) que je peins en bleu blanc rouge du plus bel effet et que je fixe sur mon prolongateur.

Boite en plastique légère avec couvercle rabattable destinée à contenir mon ravitaillement au lieu d'avoir à fouiller dans les poches arrières de mon maillot (qui n'en a d'ailleurs pas) ou de le stocker dans la petite sacoche non étanche et bancale fixée sur le tube horizontal. Avantages : la bouffe est là sous mes yeux pour me rappeler qu'il faut s'alimenter, pratique à prendre, à l'abri de l'humidité et sans aucune incidence négative sur l'aérodynamisme. Mes avant bras sont au dessus et ne touchent pas.

Rigolez toujours je sens que l'innovation va faire son chemin : j'ai déjà senti Erik méditatif et j'ai été fier de voir que miss Leder vainqueur femme était équipée d'un proto du même style ! Certains  me remercieront peut-être un jour…

 

L'entraînement ?

C'est ça le plus contraignant. Motivé bien sûr mais aussi des gros ras le bol de temps en temps. En février opération d'un ménisque. Du VTT et du vélo de route dans tous les sens sur les pistes cyclables, les routes et les pistes forestières de la presqu'île d'Arvert, du home- trainer aussi. De la natation en piscine à Royan puis en mer à La Palmyre. Des footings (entre 7kmh et 12kmh selon l'état des genoux) avec GPS pour occuper l'esprit.

Des chiffres sur la préparation dans les 11 derniers mois ? Kilométrage moyen par semaine : natation 1,4km, vélo 116km et course à pied 17km soit 8h20 d'entraînement par semaine. Je sais, c'est indigent et ça doit faire sourire plus d'un Ironman (quoique comparé au résultat faut pas trop se plaindre…).

Tests intermédiaires pour se rassurer : Gatseau - Galon d'Or en natation, Inoxman, raid d'Oléron, cyclo La Bossis, raid des Bécasseaux, semi du Pont du Diable, tour du Bassin d'Arcachon à pied et fractionné sur les binouses car on ira à… 

 

Francfort :

Ironman retenu : Francfort pour son ambiance de fête, la qualité de l'organisation, la relative proximité et… la bière à gogo après la course.

Expédition en famille : 12h de route avec l'Espace première génération (moteur 350000km et caisse 200 de +) . Bivouac en route : 2 dans l'Espace, 2 sous la tente. L'Ironman le vrai doit être rustique !

Francfort ! Récup des dossards, installation du camp de base (Espace + tente igloo) dans le Rebstockpark mis à dispo pour les triathlètes (super), pose des vélos et dernière nuit courte.

 

La course :

7h00 hymne allemand, chair de poule et départ avec feu d'artifice.

Malin je me suis faufilé en 3ème rang derrière la ligne de départ ! Résultat : n'étant pas vraiment le meilleur nageur des 2300 concurrents et ce malgré les efforts de mes dévoués coachs au club, le peloton dans sa quasi- intégralité me passe sur le corps. Stoïque je continue comme une mécanique aveugle à faire mouliner les bras.

Après 600m virage serré et nouveau corps à corps. J'en soupçonne un de me saisir froidement par une cheville, le con ! Je vérifie ma puce : ouf elle est toujours là.

Ça devient longuet et j'ai l'impression malgré ma glisse naturelle que les derniers 800 sont en faux plat montant. Mais je sais que ça va le faire.

Sortie de l'eau. L'écran affiche 1h31. J'espérais 5' de moins mais c'est satisfaisant quand même.

La foule est dense et frénétique le long de la rampe qui monte au parc. J'aimerais bien courir pour lui faire plaisir mais j'peux pas. .

Arrêt au stand pipi (pénalité prostate).Ne rien oublier (comme Erik le pro qui oublie de mettre son haut qui contient son ravito…). Les lunettes de vue avec leur cordon pour qu'elles ne descendent pas sur le nez , la montre (qui n'a pas eu droit à la natation pour non-étanchéité), le casque bleu (alors que j'ai un tempérament de killer !) qui jure avec mon bel ensemble vélo-tunique-chaussures tout noir et jaune. Je tiens d'ailleurs à m'excuser de ce mauvais goût auprès de notre Stephman national défenseur acharné de l'esthétique au sein du club.

C'est parti ! Pas s'enflammer. Je gratte des places malgré tout et me fait pas trop doubler. Faut dire que j'en ai pas laissé beaucoup derrière moi en natation…  The  Hell, The Beast, Heartbreak Hill des noms mythiques qui effraient mais des côtes pas pires que mon Gardour. J'attaque mon premier sandwich au fromage…un km pour avaler la première bouchée !

Deuxième boucle, virage serré dans un village et annoncé dangereux. Négocié sans problème au 1er tour les mains sur les cocottes je le tente maintenant en position tri d'autant plus qu'il y a des spectateurs et que je suis seul. En milieu de courbe je sens que c'est râpé, la trajectoire est trop large. Dégager la main droite, freiner frein arrière, poids du corps trop sur l'avant, léger blocage roue arrière, départ en glissade moyennement contrôlée, séparation du vélo et du cycliste, rumeur dans la foule (une bonne vingtaine de spectateurs), brûlures. Stop net dans botte de paille. Debout dans la seconde. Examen du vélo : roues ok, freins ok, dérailleur ok. C'est reparti ! Les kms s'enchaînent mais mon vélo heureusement toujours avec (humour). Je constate que dans l'ensemble mes concurrents sont plutôt des concurrentes…

Transition. Je prends mon temps. J'entends le Steph local commenter au micro l'arrivée des premiers…J'essaye de me nourrir mais ça passe guère mieux qu'en vélo. La bénévole qui m'assiste est surprise de me voir sortir un gant de toilette pour nettoyer mon genou droit (non pas celui du ménisque, l'autre) puis le sécher, avant de coller l'élastoplasme sensé (après mes expérimentations et sur conseils de mon kiné) enrayer le syndrome de la bandelette dit aussi de l'essuie glace qui m'a empêché de courir une bonne partie de l'hiver.   

D'après nos calculs respectifs avec Erik si je pars sur le marathon au bout de 8h30 (et j'en suis à 8h13), il devrait me doubler dans son dernier tour de 10,5km. Bonne pioche ! Il est même déjà passé quand je pars et sans m'en rendre compte j'enquille sur ses talons. Une chicane un peu plus loin et nous nous croisons. L'a l'air bien l'animal et pourtant il a plus de 20' d'avance sur son tableau de marche.

Opération survie ! C'est prévu depuis 11 mois, l'Iron commence avec le marathon. Problème qui n'arrange rien, le réservoir de carburant est quasi vide. Objectif : retarder au plus tard le moment de marcher car vu l'heure je sais maintenant qu'en trottinant pendant au moins 10km je serai dans les délais et j'ai vraiment pas envie de me retaper un 2ème essai pour boucler un Iron. Les 4 tours c'est cool ! Toujours proche de l'animation et en permanence devant un public connaisseur et chaleureux.

Premier tour en courant (foulée d'huître bien entendu) puis un 2ème et on rajoute même encore 2 bornes pour faire bonne dose soit 23km sans marcher ! Mais maintenant, obligé de passer à la marche sinon les boyaux vont réussir à vomir le peu qu'ils ont ingéré. Un peu moins de 10' au kilo. Je l'avais bien dit à Yankell qu'il pourrait faire des photos en marchant à côté de moi et c'est ce qu'il fait ! J'arrive même à refaire des petites alternances marche-course. Erik douché, rhabillé et pimpant m'encourage.

« Fou z'éte très prave, meussieu ! » me glisse avec admiration en me doublant un coureur teuton en voyant ma fesse droite mes deux bras et mon épaule écorchés. Pas de doute là-dessus : je suis un héros de l'extrême!!!

Derniers 500m, sursaut de fierté pour finir en courant avec dignité. Ca tombe bien, personne devant  personne derrière sur le tapis rouge et toutes les acclamations des tribunes pour moi tout seul…

Médaille, tee-shirt et visite guidée par Erik (qui est là dans son jardin) avec petite bière qui passe très mal, douche , diplôme. Croix rouge pour soigner les plaies : le grand black qui seul parle français me propose une perfusion mais vu ma petite aversion pour les piquouses on s'en tiendra à des pansements.

Résultats : 13h32'45 (nat 1h31, vélo 6h20'41, marathon 5h19'07), 22ème /30 en 55/59 et 1750ème sur 2100 classés.

 

Même pas de mérite :

Si on regarde de plus près : le docteur Courjaud de Pasteur m'a remis un ménisque en bon état, Jean Robert le kiné de Royan m'a soigné l'autre genou, Erik m'a prêté un vélo avec des vitesses en pagaye, des chaussures pour aller avec et même un casque, Bruno de Saujon m'a filé une roue arrière légère, une potence, Yankell une superbe tenue noire et jaune une pièce, Olive le Flying une paire de shoes de course Puma jaunes qu'il avait récupérées après son raid dans une poubelle et qui courent toutes seules, le collège de S. un maillot jaune fluo ajouré pour le marathon, Steph a failli me prêter un casque, Sylvie m'a mitonné des pâtes à l'eau, Fred m'a organisé un stage vtt, footings lents, binouses à Vassivière à Pâques, Cyrille m'a appris à nager et tout les membres du club m'ont adressé des encouragements. Les copains Bécasseaux, Alain l'Optimiste et Bruno ex-la Gerbe ont même mis sur pied des épreuves test au cours de ma préparation.

En plus je m'étais entraîné, j'ai bu pendant la course et je me suis même un peu alimenté.

Alors vraiment plus beaucoup de mérite perso à finir dans ces conditions là !!!



10/07/2007
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