/// Erik ... à suivre ... \\\

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Roth et ses péripéties…une belle aventure !

Objectif de toute une année d'entraînement, aboutissement de 12 ans de triathlon, Roth restera gravé dans ma mémoire.

 

L'histoire commence le mercredi 9 juillet à 7h30 du matin. Mes différents sacs sont prêts, pour l'épreuve, mais aussi pour le séjour de 3 jours en solo qui précédera l'arrivée des renforts : Céline et mes parents.

C'est que le plan initial a dû être chamboulé. Plus question de faire le déplacement prévu en famille dans l'Espace/camping-car bleu qui arbore fièrement ses 4 tours de compteur comme pour Embrun, les 2 Francfort ou Zürich. En effet quelques semaines seulement avant la course un mail de l'organisation m'a demandé d'être sur place dès le jeudi matin 8h pour satisfaire à un  contrôle anti-dopage. Peut-être du fait que j'ai annoncé viser un chrono en moins de 9h ?

 

Bref, ce matin du 9 juillet départ en train de la gare de Nantes où Céline m'a déposé. Malgré mes efforts pour réduire au maximum le volume du paquetage, je me retrouve seul avec ma housse vélo équipée de 2 roulettes (et le vélo en pièce détachée à l'intérieur), un sac à dos de grande randonnée d'une vingtaine de kilos avec tente, duvet, matelas…et un sac à dos d'une douzaine de kilos avec mon ravitaillement pour tenir jusqu'au samedi matin !

En hors d'œuvre, 2h20 de TGV pour atteindre Paris Montparnasse. Appréhendant qu'on me pique mon vélo empaqueté dans sa housse, je m'assieds sur un strapontin dans le sas d'entrée…où je somnole pendant tous le trajet !

Arrivée à Paris. Le point chaud ! Plat de résistance ! J'ai 1h30 pour faire Montparnasse/Gare de l'Est avec mon barda mais j'ignore le temps qu'il me faudra !

Je descends du train et file vers la ligne 4 du métro. Sur le dos, 20kg, sur le ventre, 12kg, et la valise vélo que je traîne en m'efforçant de la maintenir verticale pour  pas qu'elle se renverse tous les 10m ! Passage des escaliers tant bien que mal. Je marche d'un bon pas, franchis la barrière de métro qu'un militaire me maintient gentiment ouverte, prends les 400m de tapis roulant (ahhh) et arrive (enfin) sur la ligne 4.

C'est là qu'on se rend compte que le chemin est long jusqu'au quai du métro !

Je me faufile dans la rame, dégoulinant de transpiration et encombrant toute la sortie du wagon !

Les stations défilent et c'est finalement une demi-heure plus tard que j'arrive à destination.

Je reprends mes sacs et presse le pas jusqu'à la gare de l'Est. J'arrive 40' avant le départ de mon train…fastoche ! … mais trempé de sueur !

J'en profite pour souffler un peu. 

Le train est là. J'embarque avec mon chargement et m'affale sur mon siège. Sauvé ! Celui-là ne partira pas sans moi.

Paris, ça c'est fait…!

Le TGV repart pour Stuttgart. Cette fois-ci, c'est plus de 4heures de trajet…un peu de lecture pour faire passer tout ca !

Arrivée à Stuttgart, changement de train, 1 heure d'attente. Ma voisine qui vient de s'envoyer son casse-croûte m'ayant bien ouvert l'appétit, j'attaque le mien.

Changement de pays, changement de train…une micheline pour les 2 prochaines heures de l'expédition qui doivent m'amener jusqu'à Nuremberg.

Deux heures de lecture plus tard, arrivée à « Nürnberg ». Lors de la préparation du voyage sur le web, j'avais repéré des navettes trains et bus depuis cette gare jusqu'à Roth, à 40km de là. Effectivement, dans la gare, après un dialogue négocié de main de maître avec un allemand, je réussis à me procurer 1 billet de train…Départ dans 5' !

Je sprinte jusqu'au train avec tout mon attirail pour sauter dedans in-extremis. Dernière ligne droite !

30' plus loin, arrivée à la petite ville allemande de Roth dont tout triathlète a rêvé au moins une fois dans sa vie. J'y suis !

 

J'endosse à nouveau mon paquetage et prend la direction du village « Quelle Challenge », (on prononce Qvelleu) le QG de l'organisation, à 1,5km de la gare. Tranquille, il fait beau, il est prêt de 19h, tout s'est passé idéalement !

Jolie petite ville que je traverse, pour arriver au QG en plein montage.

Là, deux « videurs » avec lesquels j'engage une conversation qui serait passionnante s'ils savaient parler anglais ou français…ou si moi-même je savais parler allemand ! Mais notre échange se résume à un charabia incompréhensible et quelques mots anglais sans plus de sens. Une conversation à grand renfort de gestes et mimiques des plus comiques ! Finalement l'arrivée d'un 4ème larron débloque la situation. Un endroit pour planter la tente ? Après discussion il m'en indique finalement un, 400m plus loin sur la droite, accessible à pied. Il faut préciser qu'au début il voulait m'envoyer à 10km de là sur le lieu du départ du triathlon…ne comprenant pas que je n'avais pas de véhicule !

Je rejoins le site indiqué sur lequel trônent des tractopelles ainsi que 3 campings car.

Après petite conversation en anglais avec les maitres des lieux, je peux enfin ouvrir mes sacs et planter ma tente sur ce terrain herbeux. Je m'installe et rentre toutes mes affaires. Ouf, ça y est je suis posé !

Montage du vélo…tout se passe nickel jusqu'à…ce que je casse la vis de fixation du tube de selle ! La galère ! Je mets de côté le vélo (dans la tente !) et m'attaque à ma salade de pâtes…Pas de couvert…Je Mac Gyverise avec une carte de fidélité en guise de cuillère !

C'est crevé que je me couche pour être fin prêt pour le contrôle du lendemain matin.

 

Jeudi matin, réveil prévu à 7h…Réveil effectif à … 6h !!! La cause ? J'ai planté ma tente au milieu d'un chantier où valsent les tractopelles de la veille ! Ils refont la route sur laquelle la course passera dans 2 jours, et  nivellent le terrain pour en faire un parking ! On croirait un gag de dessins animés. Bingo, j'ai choisi le bon spot !

De toute façon, pas de temps à perdre. J'enfourche mon vélo à la selle baissée à fond pour tenter de trouver en ville un magasin de vélo. En vain !

A 8h précise, je suis au rendez-vous pour le contrôle anti-dopage. On ne trouve pas mon nom sur le listing…

Enfin, on le retrouve sur une feuille annexe,  marqué…au crayon ! Peut être suis-je venu 3 jours à l'avance pour…rien ! Bref, maintenant, j'y suis, je passe !

Déjà beaucoup de pros présents. Je reconnais Thomas Hellriegel, il y a François Chabaud, Belinda Granger, et d'autres stars dont les noms m'échappent.

Je sympathise avec un certain Tobias GÄRTNER, un nom qui ne m'est pas étranger. Il a terminé 21ème l'an dernier, d'où son numéro de dossard. Très sympa ! Nous discutons. Il envisage à peu près les mêmes temps que moi (…un moi dans des conditions parfaites !) avec un 57' en natation, 4h40/4h45' à vélo et 2h55' à pied. Seule la course à pied me parait un peu rapide, mais nous pourrions faire une trotte ensemble si je sors dans les temps envisagés en natation.

Bref, après une heure d'attente, Patrick Vernay arrive, suivi vingt minutes plus tard par LE Chris Mac Cormack. D'ailleurs, ils se retrouvent avec François Chabaud pour discuter.

Le défilé à la prise de sang qui a commencé depuis plus d'une heure se poursuit. « Macca » a la chance de passer dès son arrivée ! Le palmarès doit offrir quelques privilèges…

Les minutes passent. A 10h30, on annonce le briefing, nous y allons tous. Mon ami Tobias passe au contrôle juste avant…moi pas !

Le briefing se déroule comme d'hab, les mêmes consignes. Bref, rien de bien passionnant si ce n'est les détails du parcours !

A peine terminé, on appelle les deux derniers pour la prise de sang…j'en suis…enfin !

Choix de la « panoplie » pour le contrôle, (seringue, tube…) puis rapidement une infirmière me prend en charge. Tout se passe selon la procédure : elle me pique et me vole mon sang en remplissant sa cartouche de MON sang. Moi je regarde les affiches aux murs (!!!). Elle me fait remarquer que j'ai les mains moites…normal !

Bref, une fois l'échantillon prélevé, je retourne dans le couloir pour attendre 5-10' le résultat qui arrive rapidement avec les félicitations du jury…je peux prendre le départ !

 

Je quitte l'assemblée pour reprendre mes recherches d'un mécano vélo…

Après un tour rapide de la ville, toujours rien. Au village-course je me renseigne auprès d'un stand. On m'indique une adresse…pas tout près mais je n'ai pas le choix ! J'y vais toujours en danseuse…je me sens un peu bête avec mon vélo de chrono et la selle style trial !

En fin de compte, le lieu indiqué sur la carte est désert ! Un chauffeur de taxi prêt à partir de chez lui me renseigne…c'est de l'autre coté de la ville !

Je rebrousse chemin pour prendre la direction qu'il m'a expliqué, et par le plus grand des hasards, en traversant le centre ville, à 400m du village-Challenge Quelle, je tombe sur un immense magasin de vélos. Ici, toutes les plus belles montures, de quoi faire rêver n'importe quel triathlète ! 500m² avec des vélos partout et… équipés de selles !

Bref, j'explique mon problème en anglais à un gars qui me répond aimablement…en français ! C'est encore plus simple. Au final, je pourrai repasser dans une heure pour récupérer mon vélo. Sauvé !

J'en profite pour retourner sur le site de l'épreuve et y prendre mon dossard. Sous la tente de retrait des dossards, alors que je fais la queue déjà bien fournie, deux pro femme passe tout le monde pour prendre leurs dossards…ben voyons !

Pause repas « à la carte » (j'ai toujours pas de couvert…) au bord de la ligne de train. Puis, récup de mon vélo, équipé d'une toute nouvelle bague de serrage !

Je n'ai plus rien à faire à Roth. A la limite, je ne pourrais y revenir que pour l'arrivée de la course ! Alors je retourne à mon campement quitté tôt le matin…j'espère juste que les tractos n'ont pas embarqué ma tente !

Aucun problème, tout est à sa place…Le chauffeur du tracto était un virtuose, il s'est arrêté à 20cm de ma tente !!!

 

On refait le paquetage. Je mets quelques affaires dans ma housse à vélo, la plie en deux et la fixe verticalement à l'arrière de mon gros sac à dos avec des courroies. L'ensemble est bientôt arrimé sur mon dos…ouf…sacré poids ! Sur mon ventre, mon sac avec ravitaillement. Et c'est ainsi harnaché que je prends la route sur mon vélo pour 10km, jusqu'au site de départ où un campement a été mis en place par l'organisation.

Juste la hantise d'exploser mes jantes carbone sous la pression du poids que je leur inflige.

Le « sac à ventre » n'étant pas pratique pour pédaler, je le place sur mon prolongateur…bien pratique !

Les triathlètes que je croise me regardent d'un œil incrédule ! Ils découvrent l'Ironman version Clavery…

Je n'avance pas bien vite, mais je progresse sûrement. Je double quand même un paysan sur son vélo qui me regarde de travers !

Sans m'en rendre compte, je rate la route de « Rothsee », me retrouve un peu plus loin que prévu sur le circuit du parcours vélo et arrive finalement au parc à vélo.

Un bénévole qui monte le parc m'indique le terrain de camping, en bord de canal, mais sur l'autre rive. Il me faudrait remonter sur le pont. Je décide de longer le canal jusqu'a l'écluse, juste à coté du camping..

Je tente la photo souvenir de mon équipée. Appareil en place, retardateur à 10'', déclencher doucement puis sprinter avec tout le barda, renfourcher le vélo sans se casser la g…… et prendre l'air naturel. La photo à peu près pas complètement ratée, je repars pour rejoindre enfin le terrain. Sauf que l'écluse étant interdite de traversée, je dois redescendre à la route en contrebas pour remonter au parking…bref…un détail !

Seulement 2 camping-cars. Je choisis une place de choix en bord de canal, sous le plus gros arbre…nickel ! Je m'installe tranquillement profitant d'un généreux soleil…parfait !

Bien installé, je m'équipe pour partir en reconnaissance du parcours vélo. 87km au programme.

 

Temps magnifique pour un repérage de parcours, presque un peu trop chaud en plein milieu d'après midi. Circuit très roulant. Départ rapide malgré les quelques montées qui jalonnent les 15 premiers kilomètres. Puis quinze kilomètres de route très roulante, à dominante descendante, avec vent plutôt favorable. Que du bonheur !

Arrivée à Greding. La plus grosse côte du parcours, bien plus difficile à mon goût que le fameux « Solar Berg ». Entre 6 et 8% sur 1 à 1.5 km. En haut, on se retrouve sur un plateau avec une série de faux plats et descentes. Redescente du « plateau » par une série de 3 lacets faciles à négocier. Arrivée dans un village au milieu duquel je manque de rater le stop. Portion en faux plat montant, vent dans le dos qui se négocie super bien. Au village de Lay, virage à gauche, et enchainement de deux côtes vent de face. A ce moment, je me sens un peu mou, peut être en manque de calories.

A Steindl, virage à droite en route pour Hilpolstein et le tant renommé « Solar Berg ». Route très bonne, très rapide avec vent favorable, qui nous conduit à la ville ? Juste avant d'y arriver, une belle côte bien raide stoppe net l'élan, puis c'est reparti. Dans la ville, en bas de ce qui me parait un « faux plat », je me rends compte du fait des nombreuses banderoles qui décorent le spot que je suis dans LE « Solar Berg »…Vu comme ca, à l'entrainement, rien de bien exceptionnel. Un faux plat bien moins dur que certaines autres côtes du parcours. Mes bidons sont à sec. Je refais le plein d'eau dans la fontaine du village de Solar. Un Allemand me fait signe depuis sa voiture qu'elle n'est pas potable…! Tant pis, c'est soit cette eau soit je dépéris sur place !

Petite boucle autour d'Hilpolstein très roulante, puis retour dans la ville auprès de laquelle se trouve la première transition. Me voilà bientôt de retour au départ.

 

Juste avant le site du départ, je profite d'une supérette pour acheter un pack d'eau, une bouteille de coca…et une glace ! Ahhh, moment de bonheur intense !

Je réintègre mon campement avec mon pack d'eau sur mon guidon triathlon (toujours aussi pratiques ces prolongateurs !) la bouteille de coca dans ma poche arrière de maillot et la glace dans le gosier !

Il n'est pas encore très tard quand je retrouve ma tente. J'en profite pour aller gouter l'eau du lac et nager un peu avant un petit bain de soleil ! Après tout, je suis un peu en vacances ! Et je profite même de la douche à domicile…quel luxe !

Retour à la tente pour une grosse nuit de sommeil ! Enfin !

 

Vendredi 11 juillet. Journée de repos complet, sauf qu'au réveil, je réalise que lors du retrait des dossards, j'ai du perturber la madame car elle a oublié de me donner mon bracelet ! J'y retourne. Toujours la même file d'attente au stand d'inscription puis c'est mon tour. C'est la même bénévole et à peine le temps d'ouvrir la bouche qu'elle me coupe : « Dossard 35…je ne vous ai pas donné votre bracelet ! »…Effectivement, j'ai du la marquer ! Pour rigoler, elle m'avoue ne pas avoir dormi de la nuit à cause de cet oubli…bref, je récupère mon bien. Je vais pouvoir aller à la pasta le soir !

A mon retour au camp, je croise un triathlète français…du Triathlon Côte d'Amour, à proximité de Saint Nazaire…un voisin !

Retour au campement synonyme de repos, lecture, plage et baignade pour le reste de la journée…un vrai bonheur ces Ironman !! Sauf qu'en fin d'après midi, un orage éclate d'un coup et m'oblige à regagner ma tente !

Vers 18h15, une accalmie, j'en profite pour prendre la direction de Roth et retrouver la pasta party.  Par chance, il ne pleut pas.

Le stand « ZeroD » m'autorise gentiment à laisser mon vélo (cadenassé quand même !) à proximité. Je me faufile sous le grand chapiteau déjà bondé de monde.

C'est énorme. Je reste modeste et ne mange qu'une assiette de pâtes raisonnable. Un peu seul, je trouve de la compagnie en la personne d'un athlète allemand fort sympathique et repars après une petite heure sur place. Je me suis ainsi immergé dans l'ambiance de Roth. Sans conteste, c'est la fête !

Retour à la tente…sous la pluie. Pas agréable du tout, j'arrive trempé. Heureusement que le vent de dos limite la sensation désagréable de la pluie.

Bref, pour m'accueillir à la tente, un timide soleil se fraye un chemin à travers les nuages.

 

Samedi 12 juillet. Céline et mes parents doivent arriver dans la matinée ! Enfin de la compagnie !

Je patiente une bonne partie de la matinée sous la tente, à cause d'un temps à pas mettre un triathlète dehors (j'en vois quand même quelques uns qui reconnaissent le parcours vélo !)…alors pour moi : lecture sous la tente.

A 11 heures, l'Espace bleu arrive. Je me sens moins seul ! Le temps est toujours pluvieux. Nous mangeons dans la voiture une grosse pasta. Début d'après midi, des amis allemands de vieille date, habitant à proximité, nous rejoignent à notre campement pour passer la journée ensemble. Nous retrouvons donc avec plaisir Christine (dont le fils vient juste d'être champion de Bavière de 1500m en junior en 4'07'') et qui vise elle même 3h10 au marathon l'an prochain, Hubert (ancien champion d'Allemagne de 3000m steeple avec 8'30 et sélectionné olympique !) et Klaus ex bon coureur aussi qui restera avec nous le lendemain et repartira chez lui en VTT (100km !!)

 

Dans l'après midi, et toujours sous la pluie, nous allons tous ensemble au parc à vélo déposer mon destrier et filons dans la foulée à Roth boire une bière sur le site de l'arrivée en profitant d'une éclaircie bienvenue. (Ici, la bière standard est de ½ litre…)

Retour au campement, et avant que Hubert et Christine repartent, coupe de champagne pour fêter nos retrouvailles. Rayon de soleil en prime! Nous invitons notre voisin de campement, Wolfram, un allemand très sympathique qui vise moins de 10h…et qui malheureusement passera à coté de son objectif pour quelques minutes…peut être ce champagne de Bavière ne lui a pas apporté que du bon…

 

Dimanche matin, réveil à 4h45 pour un départ à 6h20. L'eau du canal est à 21°, une vraie piscine. Dehors, la même température. Je suis dans la première vague, celle des pros, des « Sub9 » et des femmes. Nous sommes à peu près 350 dans cette vague.

Le parcours est constitué d'un aller-retour dans le canal. Sur la ligne, nous dérivons légèrement, le courant sera donc (très faiblement) défavorable sur le retour.

Avant le départ, je suis légèrement à la bourre ! Je cours à droite et à gauche, m'aperçois que je ne me suis pas fait tatouer mon numéro de dossard…cours à la tente de marquage, passe toute la file d'attente en urgence…désolé…plus que 15' et j'ai pas encore mis ma combinaison…je reviens à mon vélo, m'habille, pars pour le départ pile à l'heure…ouf !

Petite pensée pour Quasy…petit pipi dans la combi AVANT d'entrée dans l'eau…beurk ! Pas grave, j'ai 3,8km pour me rincer !!!

 

3,8km de natation, le départ est ponctuel. J'attaque sur un bon rythme, en alternance de 2 et 3 temps. La première partie aller se passe plutôt bien, les bouées défilent et le pont se rapproche rapidement. Au demi-tour, ma montre m'indique 23'…plutôt bien dans le timing. Je me concentre pour un petit pipi tout en continuant…pas facile !

Sur le retour, malgré la présence sur le bord du canal de mon « fan-club », je baisse de régime mais j'essaye de maintenir mon tempo tant bien que mal. Un groupe d'une vingtaine me prend progressivement quelques mètres. Je m'efforce d'allonger, mais les bouées défilent moins vite qu'à l'aller…serait ce le courant ? La montre m'indique 57' lors du dernier demi tour…je ne parviendrais donc pas à mon objectif.

Au bout du compte, le chrono d'arrivée à la sortie de l'eau affiche 1h01'08'' et je suis bien loin de mon objectif de 57' (c'est quand même mon record pour une vingtaine de secondes !)

 

Une transition en 2'33'', sans trop de problème, me permet de m'élancer sur les 180km du parcours vélo avec déjà en tête un mauvais pressentiment pour le « Sub9 » tant convoité.

Dès le départ, je vois mon père et lui fais un signe de découragement, d'autant plus que le temps est médiocre et qu'une pluie fine tombe sans interruption.

 

Malgré cette pluie, je démarre sur un bon rythme grâce à un vent favorable et un parcours roulant. La moyenne monte vite autour des 40km/h dans la première heure. Quelques montées au début, mais rien d'extrêmement difficile.

Ma vessie me joue des tours…je n'arrête pas de faire pipi…et pas le temps de m'arrêter, je profite donc des partie descendante pour…me « décontracter » ! Tant pis…et puis il pleut…ca rince ! Au total, près de 8 pipis…record historique !

La chaussée est humide mais le revêtement est de bonne qualité. A l'extrémité du parcours, après une longue portion de près de 15 km , la plus grosse difficulté du parcours reconnue jeudi : Greding. C'est là que nous remontons sur Hilpolstein. Cette bosse permet de faire exploser les paquets qui se sont créés au gré de la partie roulante. La côte franchie, nous nous retrouvons sur un « plateau » vallonné, vent plutôt défavorable, toujours sous une pluie persistante. Rien de bien agréable. Je maintiens malgré tout une bonne allure, enchainant les petites côtes les une après les autres, pour enfin arriver à Hilpolstein et sa mythique côte du « Solarberg ».

Pas bien longue, pas bien difficile normalement, mais une ambiance de folie ! Noir de monde. Une marée humaine multicolore et un vacarme de trompettes, sifflets, crécelles et cloches. La foule compacte laisse tout juste le passage aux vélos en s'ouvrant au dernier moment. C'est la montée de l'Alpe d'Huez pendant le tour de France ! Mais le piège, c'est qu'on est tellement galvanisé par cette ambiance qu'on se met dans le rouge sur les 700 mètres et on se grille stupidement. Je me prends au jeu…nous sommes là pour ça, et je dévore la première ascension de cette côte à fond. Les photographes s'écartent au dernier moment…on se prend vraiment pour des pros de la grande boucle.

 

Après avoir fait la boucle autour de la ville, je clos le premier tour sur un bon rythme, avec une moyenne de plus de 38 km/h au 100ème kilomètre. Je suis dans le timing. La motivation revient et me permet de me remettre à espérer à mon objectif. Au passage du premier tour, mon « team » m'encourage et me remotive. Le « sub9 » est encore jouable.

La deuxième boucle, toujours sous la pluie battante et avec un vent frais, se déroule plus lentement. Le début du parcours et toujours roulant, je double de nombreux concurrents partis dans les vagues après moi, mais sur leur 1ère boucle, ainsi que des relais. Certains de ces relayeurs sont de vrais cyclistes, frais puisque n'ayant pas nagé auparavant, et en plus roulant un peu près les uns des autres à mon goût ! Bref, malgré la motivation et le fait que je ne sois pas isolé, la moyenne chute sensiblement. Arrivé à Greding, je suis à 37,5 km/h de moyenne, et le plus dur reste à faire avec quelques portions vent défavorable, et toujours ce ciel qui n'en finit pas de nous arroser.

Après la côte de Greding, le plateau me coupe les jambes. Ecœuré par deux athlètes de ma vague qui ne se privent pas de s'attendre mutuellement pour … se relayer ! Même à Roth, le drafting existe…

Grande descente. Traversée d'Obermässing. Longue portion roulante en faux plat montant, mais à plus de 40 km/h grâce au vent favorable, virage à gauche, vent de face, ravitaillement, côte en plusieurs paliers à négocier. En haut, à Steindl, virage à droite, vent favorable à nouveau direction Hilpolstein, et juste avant la ville, un petit mur qui coupe les jambes. Je vois mon chrono égrener les minutes et il me reste encore d'après mon compteur une grosse vingtaine de kilomètres. Mes espoirs de « Sub9 » s'envolent à nouveau.

Lancé dans la compétition, je poursuis quand même mon effort. On « comptera les bouses à la fin de la foire » comme on disait en Normandie.

Je franchis à nouveau la côte de Solarberg, beaucoup moins en jambes que lors de mon premier passage. Je rentre enfin sur les derniers 20km, une portion que j'apprécie plus.

Je jette mes dernières forces dans ces derniers kilomètres.

Les sensations ne sont pas excellentes et il me faudrait courir le marathon à une allure bien trop élevée pour remplir mon contrat. Mais heureusement le parcours cycliste me parait un peu moins long que les 180km prévus et me permet de boucler le circuit en 4h53'35'', soit à peu près 37km/h de moyenne.

Pour aborder le marathon dans des conditions acceptables en vu de faire moins de 9h00, il m'aurait fallu prendre le départ de la course à pied après 5h45'/5h50' de course. Ca m'aurait laissé 3h10'/3h15' pour boucler le marathon, temps tout à fait à ma portée. Mais là j'ai dépassé ce délai…

J'effectue une transition éclair et ressors du parc avec un chrono qui affiche à peine 5h59'. Il va falloir sortir un marathon en moins de 3h !

Le pari est difficile…mais pas impossible ! Encore un défi…j'adore les défis !

Encore lucide, je déclenche mon chrono au départ et attaque sur un rythme élevé les 42.195 km du marathon. Les jambes vont bien, la pluie diminue et j'ai un regain de courage qui vient à point !

Premier kilomètre en faux plat descendant, je le passe en 3'56''. C'est rapide, mais je suis bien. De toute façon je n'ai pas le choix. C'est l'allure qu'il me faut adopter pour me permettre de compenser les arrêts ravitaillement et éventuellement les légers coups de moins bien presque inévitables.

 

J'arrive au canal où mon « team » m'attend pour m'encourager. Au 5ème kilomètre, le chrono affiche à peine 20' et les jambes sont toujours aussi bonnes. Le moral revient au beau fixe. Je sais que les kilomètres s'accumulant, la fatigue ne manquera pas de s'installer et qu'il faut profiter de toute avance que je peux accumuler.

Je m'engage sur le chemin de halage du canal. Chemin calcaire bien agréable qui me rappelle mes pistes d'entraînement en forêt de la Coubre ou certain des trails que j'ai couru. Le cadre est agréable au bord de l'eau et c'est tout plat. Près de 4.5km le long du canal. Juste avant de le quitter, je croise le premier…pas bien aérien…suivi à ma surprise à une poignée de secondes par un Patrick Vernay confortable à la troisième place. Ils doivent avoir à peu près 7km d'avance sur moi. François Chabaud n'est pas bien loin non plus. Autre surprise c'est Nicolas Hemet que je croise au passage de l'écluse. Il a beaucoup d'avance sur moi, il finira donc devant, et c'est sûr que lui cassera sans problème la barre des 9 heures.

De mon coté, je passe à la borne du 10ème kilomètre en 41', je suis toujours dans le timing imposé ! Presque 15km/h, que je sais correspondre à 2h48'…c'est tout bon et ça me laisse un peu de rab !

Quelques boucles dans le village de Schwand, puis je retrouve le bord du canal pour une longue section de près de 6,5 km sur cette piste.

15ème kilomètre, 1h02', toujours parfait, « plus que » 27 km ! Je crie mon temps de passage à mon team, qui suit ma progression en VTT de l'autre coté du canal…Mon père a du mal à croire qu'il ait bien entendu mon temps ! Je le lui confirme. Bonne fréquence, concentré et motivé, presque euphorique malgré la fatigue accumulée.

Le 21ème kilomètre se situe presque au niveau de l'intersection canal/Roth, c'est la moitié de la course à pied. Mon chrono m'indique 1h28', soit un marathon en 2h56'…L'allure à un peu baissée et la monotonie du bord de canal a entamé ma motivation. Mais je suis encore dans mes temps, malgré une marge qui s'amenuise au fil des kilomètres !

Je m'engage sur la deuxième boucle.

 

Bientôt, je croise à nouveau les premiers. Patrick Vernay est passé second tout près derrière le leader! Au vu de leurs allures respectives, Patrick devrait passer devant sans problème ! Je l'encourage, je fais de même avec François Chabaud qui m'encourage à son tour.

 

Au 24ème km, ca devient très difficile. Les mollets sont durs, les quadriceps également, des douleurs inconnues auparavant apparaissent au niveau du cou. Mes muscles sont trop stressés par ce que je leur inflige. L'allure baisse progressivement malgré moi. Je commence à flancher, et à nouveau, je me dis que je passe à coté de mes 9 heures.

Impossible vu la tournure des choses que je termine dans les temps fixés.

Je vis 4 kilomètres de doute, puis presque de déception si près du but, sure de passer encore une fois à coté de mon objectif.

Je viens de quitter le canal pour un aller et retour dans la forêt de plus de 5km. Céline m'encourage, je lui dis que c'est fini, je suis trop cuit. Mon père me voit : pas la peine de donner d'explication, il comprend tout de suite…c'est foutu, c'est le coup de barre décisif !

Il m'avouera après coup qu'il ne m'a jamais vu dans un tel état de fatigue et a même craint un malaise.

C'est juste après, au 28ème km, dans la forêt, que je croise Nick. Il a une bonne avance sur moi et plutôt bonne allure. Il m'encourage : «  la course se joue maintenant ! ». Cette solidarité me remonte le moral, et dans un dernier coup de folie, je donne tout.

Quelques mots de Nick pour un changement de destin.

Il me reste 14km. 1 heure de course. Je n'ai plus le choix. Je laisse de coté mes douleurs tant que possible, et je m'engage dans un « sprint » de 14km !

 

Ne pouvant musculairement pas me grandir pour avancer mieux, j'accélère la fréquence de foulée.

J'ai l'impression que ma foulée ne ressemble plus à rien. Je cours assis à cause de mes mollets et quadriceps endoloris, la tête basculée en arrière, mon cou tout courbaturé ne tenant plus celle-ci !

Je « déconnecte » le cerveau et regarde les kilomètres passer.

A chaque kilomètre que je dépasse, je regarde ma montre, recalcule le temps qui me reste. Le temps dont je dispose pour courir chaque kilomètre. De l'autre coté du canal, mon père me hurle des encouragements, m'affirmant que la vitesse remonte, que c'est tout bon. Effectivement, mon chrono redescend entre 4'06'' et 4'00'' au kilomètre.

Je quitte le canal. Plus que 4km. Mon père me crie ses derniers encouragements. Sur la route, je traverse la forêt qui me ramène à Roth. Plus que 3km...plus que 2km…plus qu'1km ! J'en suis à 41km, je regarde mon chrono : 2h52', c'est presque gagné…mais pas encore tout à fait !

Même si maintenant je suis confient sur mon « Sub9 », la ligne n'est pas franchie, et tant que la ligne n'est pas franchie…

Dans les derniers 1500m, je dois négocier un léger faux-plat qui prend des allures de col pour terminer cet « Ironman » !

Difficulté du faux plat ajoutée à la proximité de l'arrivée, et c'est une légère baisse de  pression du mental qui s'installe. La combativité trop longtemps entretenue me lâche. Deux triathlètes si difficilement doublés me repassent ! Ils me prendront plus de 30'' en seulement 1km ! Je flanche complètement, plus désarticulé que jamais ! C'est le retour du front, la retraite de Waterloo.

 

Les spectateurs deviennent plus denses à l'approche de l'aire d'arrivée. Je rentre dans le site : une espèce d'arène encerclée de tribunes noires de monde. Ca crie de toutes parts : crécelles, sifflets, frites. Des jeunes me tendent la main pour une frappe d'encouragement…je n'en ai même plus la force.

Je vois de l'autres coté le chrono…8h56'…plus que 200 m…c'est gagné !

Un bénévole me tend un bouquet de fleurs à 150m de l'arrivée en guise de récompense pour mon chrono sous les 9 heures. Je le saisis.

C'est dans le cirage, tenant debout par miracle mais heureux plus que jamais que je franchis la ligne de mon Ironman en 8h57'01''. Je fais désormais partie du club des SUB9 ! Good job !

Dans un dernier réflexe, j'arrête mon chrono une fois la ligne franchie. Le temps indiqué par ma montre correspond au temps mis pour boucler mon marathon : 2h58'10'' !!!

Ca y est, le challenge et gagné. Doublement gagné avec moins de 9h et moins de 3h !

Mais pour gagner ce combat j'ai dû aller chercher loin, plus loin que jamais auparavant !

 

Je suis finalement 39ème, mais la place n'a pas d'importance, je suis maintenant Sub9 !

Derrière moi, 5 athlètes réussissent à terminer aussi sous les 9 heures…dont la 3ème et la 4ème femme, les deux premières battant toutes deux la meilleure performance mondiale de tous les temps ! (10' de moins que moi !)

 

La ligne d'arrivée franchie, ma médaille autour du cou et mon tee-shirt de finisher sur l'épaule, je m'en vais, supporté par une bénévole, jusqu'à la tente de ravitaillement et de massage pour bénéficier de soins… assez mérités !

C'est là que je croise « Nick » qui m'annonce son super chrono de 8h47'. Je le félicite et le remercie…de m'avoir permis d'aller au bout de mon objectif.

Sitôt la course terminée, nous buvons une petite bière avec ma famille (toujours 50cl !) en compagnie de Klaus qui a suivi la course de bout en bout pour m'encourager.

Et puis embarquement dans l'Espace bleu pour environ 17h de route jusqu'à La Palmyre où nous attendent mon frère et son amie pour quelques matchs de beach tennis le lendemain….

 

 

 

PS : Et oui…j'ai bien battu François Chabaud…sur la 2ème transition !!! (Et Thomas Hellriegel sur le marathon…)

PS2 : Mon ami Tobias, 21ème l'an dernier, explose ces temps et remonte à la 12ème place !

 

 



08/08/2008
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